CONTINENTALES (SÉRIES)

CONTINENTALES (SÉRIES)
CONTINENTALES (SÉRIES)

CONTINENTALES SÉRIES

Les séries géologiques continentales impliquent une grande stabilité des conditions de dépôt continentales, mais en même temps un enfoncement plus ou moins continu nécessaire au piégeage des sédiments provenant des secteurs érodés voisins. Sur les plates-formes épicontinentales d’Europe occidentale, ces conditions de dépôt sont de courte durée et n’ont que rarement donné naissance à de véritables séries. Les niveaux continentaux, intercalés entre des formations marines et généralement pauvres en fossiles, ont été lontemps négligés, considérés comme des temps morts abusivement qualifiés de lacunes. Leur intérêt a été révélé avec la moisson de données paléontologiques des fouilles de vertébrés (reptiles, mammifères, hominidés) et surtout avec la découverte de gisements d’hydrocarbures ou d’uranium dans les puissantes séries continentales d’outre-mer (Amérique du Nord, Afrique). On a alors pris conscience des modes de dépôt particuliers qui caractérisent les séries continentales.

Pour l’essentiel, les dépôts continentaux sont d’origine fluviatile, lacustre et palustre (de marais), mais on trouve aussi des dépôts éoliens et glaciaires ou fluvio-glaciaires à certaines périodes au climat plus rigoureux. Les sédiments apportés par le vent ont probablement couvert de grandes surfaces, mais il est rare qu’ils n’aient pas subi également des remaniements fluviatiles. Il est donc souvent difficile de reconnaître le rôle du vent (grès du Trias inférieur européen, limons du Lias gondwanien d’Afrique du Sud). De même, les restes d’anciennes glaciations (éocambrienne, siluro-ordovicienne) ne sont que localement reconnaissables. Les profondes altérations pédogénétiques antérieures à l’enfouissement ou contemporaines des dépôts reflètent aussi les conditions climatiques des périodes anciennes.

Les bassins continentaux comportent un remplissage généralement plus complexe que celui des bassins marins. Dans un lac, on retrouve la superposition uniforme des strates, mais la dimension des étendues d’eau libre est rarement telle qu’elle occupe la totalité d’un bassin; les dépôts lacustres passent latéralement à des marais et à des dépôts fluviatiles presque toujours instables. Le chenal ou lit d’étiage des cours d’eau se déplace latéralement dans les plaines d’inondation. Lorsqu’un lit est trop exhaussé par l’alluvionnement, le fleuve s’échappe en rompant ses levées naturelles, à l’occasion d’une crue importante, et vient combler les dépressions latérales. Il y a donc non seulement comblement progressif des zones situées de plus en plus loin de la source (cônes d’alluvions avançant vers l’aval), mais aussi déplacement latéral de la zone de dépôt en un balayage répété de toute la plaine d’inondation. Les archives biostratigraphiques contenues dans une succession locale sont donc nécessairement discontinues: contrairement au cas général des bassins marins, il est indispensable d’intégrer les données dispersées dans l’ensemble du bassin continental pour tenter de reconstituer son évolution sédimentaire et paléontologique.

Les restes de mammifères, entraînés après leur mort dans les chenaux gréseux et conglomératiques des séries molassiques à limons de crue, sont fréquents. On y trouve aussi les mollusques qui ont vécu sur place (unios, mélanopsis). Dans les limons et grès périodiquement asséchés, les pistes de vertébrés et leurs œufs sont parfois conservés avec une telle abondance qu’on a pu préciser l’évolution de certains groupes (amphibiens du Permien, dinosaures du Trias au Crétacé supérieur) aussi finement qu’avec leurs squelettes. Comme les dépôts éoliens, les dépôts glaciaires sont extrêmement pauvres en fossiles. Par contre, les anciens lacs fournissent une masse de données paléontologiques par l’intermédiaire des fossiles conservés dans leurs dépôts feuilletés. Les fructifications calcifiées des charophytes fournissent une succession de formes qui permettent de caractériser les niveaux stratigraphiques du Crétacé et du Tertiaire aussi sûrement que bien des fossiles marins. Enfin, les pollens des plantes terrestres, qui sont liés directement au type de végétation local (marais, savane, forêt de plaine ou d’altitude), sont le reflet du climat en même temps que celui de l’évolution paléobotanique.

Les subdivisions stratigraphiques sont naturellement fondées sur des échelles biostratigraphiques distinctes de celles des dépôts marins. Les mollusques terrestres et d’eau douce et les vertébrés (amphibiens, reptiles, mammifères) sont des groupes utilisés depuis longtemps. Les charophytes et les pollens sont venus se joindre à eux, tandis que les paléoflores représentées par des feuilles perdaient de leur intérêt stratigraphique. La précision des subdivisions et des corrélations ainsi obtenues justifierait une confiance au moins égale à celle que l’on accorde aux échelles stratigraphiques établies en milieux marins, mais l’usage prévaut encore de donner priorité aux séries marines. Malgré quelques malentendus portant sur les limites de certains étages, une bonne correspondance a pu être obtenue par l’usage des restes d’organismes dispersés indifféremment dans les deux domaines, au moins dans la zone littorale (pollens, charophytes) et même à l’embouchure des fleuves (vertébrés). On peut donc le plus souvent situer avec précision les séries continentales par rapport aux étages des séries marines. Certaines, toutefois, sont assez réputées pour imposer encore leur nom: en Europe, les termes carbonifères Westphalien ou Stéphanien sont mieux connus que leurs équivalents marins (Moscovien, Kasimovien). Enfin, les séries entièrement continentales telles que celles du Gondwana ont gardé leurs dénominations locales de formation quelle que soit leur extension, souvent considérable (Afrique du Sud, Argentine et Brésil méridional).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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